Comment agir contre le gaspillage vestimentaire?

1 benne de vêtements est jetée chaque seconde dans le monde. Ce chiffre est effrayant mais n’a pourtant pas pour but de vous effrayer. L’objectif de notre article est de déclencher une prise de conscience et un passage à l’action. Pour cela, c’est vrai qu’il n’y a rien de mieux que de commencer par quelques chiffres.

L’industrie textile en chiffres

La 2ème industrie la plus polluante

Elle pollue plus que les vols internationaux et le trafic maritime réunis, avec un impact carbone de 1,2 milliard de tonnes de gaz à effet de serre.

Le 3ème secteur consommateur d’eau

• 2 700 litres d’eau sont nécessaires à la fabrication d’un simple tee-shirt: c’est ce qu’on utilise pour 70 douches !

C’est aussi 4 % de l’eau potable disponible que cette industrie utilise pour fabriquer des vêtements : déroutant lorsqu’on sait que cet or bleu risque de se retrouver au centre des conflits dans les années à venir.

Mais le fait que l'industrie textile utilise déraisonnablement nos ressources et pollue dangereusement aussi bien l’air que l’eau n’est peut-être pas le pire. Le véritable désastre est plutôt de savoir qu’une trop grande partie de ces textiles dont la fabrication impacte gravement la planète, finit à la poubelle. 4 millions de tonnes sont ainsi jetés chaque année en Europe. Ce chiffre illustre le fléau du gaspillage vestimentaire auquel nous consacrons cet article. Si vous désirez en apprendre plus sur la pollution de l’industrie de la mode, nous vous redirigeons vers le travail réalisé par l’ADEME - leur rapport complet ou leur infographie - sur lequel nous nous sommes d’ailleurs appuyés pour cet article.

 

• 460 milliards de dollars de gâchis chaque année dans le monde.

• 73% des fibres textiles sont éliminées, incinérées  ou mises en décharges. Moins de 1 % sont réutilisées pour fabriquer de nouveaux vêtements (selon le rapport de la Fondation Ellen Mac Arthur).

• Jusqu’à 20 000 tonnes de textiles seraient détruites en France chaque année selon le gouvernement. Soit 2 fois, le poids de la Tour Eiffel.

 

Comment définir plus exactement le gaspillage vestimentaire?

 

Il peut se définir comme le mauvais emploi des TLC- Textiles d’habillement, Linge de maison, Chaussures - au point de les perdre sans en tirer profit.

Il s’illustre parfaitement au travers d’une pratique scandaleuse pourtant répandue dans l’industrie de la mode : détruire des millions de produits invendus encore consommables. En 2017, une enquête danoise révèle que l'enseigne H&M phare de la fast fashion aurait incinéré 60 000 tonnes d’invendus. La même année, Burberry reconnaît avoir détruit des produits vestimentaires et cosmétiques d’une valeur de 31 millions d’euros. En 2019, c’est au géant Amazon d’être accusé d’avoir jeté plus de 3,2 millions d’objets manufacturés neufs en une année en France.

Leurs raisons? La surproduction des entreprises en réponse à la surconsommation mondiale les oblige à stocker les invendus et cela leur coûte plus cher. Mais pourquoi ne pas plutôt les donner ? La luxueuse Burberry explique que si elle préfère détruire ses produits plutôt que les brader, c’est pour conserver son image de marque précieuse et exclusive.

Ces pratiques sont révoltantes mais sont-elles pour autant illégales ?

Que dit la loi à ce sujet?

La loi française ne disposait d’aucune mesure, simplement car le phénomène était nouveau. Mais la révélation des agissements d’Amazon sur son territoire l’a poussé à intervenir pour réguler les dérives de cette industrie. C’est ainsi qu’en février 2020 entre en vigueur la loi relative à la lutte contre le gaspillage pour une économie circulaire. Il est désormais interdit aux entreprises d’éliminer leurs invendus, que ce soit dans des décharges ou par incinération. C’est une première mondiale dont la France peut se féliciter. La loi anti-gaspillage aussi dite loi AGEC vous est expliquée juste dans cet article de loi.

Qu’en est-il au niveau européen ? On peut dire que l’Union Européenne donne la cadence. En 2018, elle émet plusieurs directives visant à diminuer l’incidence de certains produits et déchets sur l’environnement. Les pays membres ont alors l’obligation de transposer cette directive, c'est-à-dire de faire apparaître les objectifs donnés dans leur droit national. Cependant pour les atteindre, ils restent libres d’élaborer leurs propres mesures. Si l’Union européenne fixe le cap, elle n’impose donc pas une politique uniforme à ses membres. C’est pourquoi les législations en Europe restent très disparates au sujet du gaspillage textile : si la France a fait le choix d’une politique ambitieuse, la plupart ne disposent que d’une faible législation.

De même, l’Union Européenne a récemment annoncé une nouvelle stratégie pour l’industrie textile dans l’optique d’être plus durable et compétitive. Or, il ne s’agit que d’un acte de communication. On craint que sans disposition juridique prévoyant des sanctions, peu d’entreprises se contraignent à respecter les normes d’une économie circulaire, durable et responsable. Pour être efficace, le droit doit également être harmonisé car imposer des législations aux entreprises ne fonctionne que si toutes sont soumises aux mêmes règles. L’enjeu juridique pour lutter efficacement contre le gaspillage vestimentaire est alors d’unifier les normes européennes.

Mais si légiférer semble le moyen idéal pour encadrer les industries qui mettent à mal notre planète, il y a en réalité un subtil équilibre à trouver entre défense de l’environnement et défense des intérêts économiques. Il est en effet important que l’économie européenne reste compétitive, y compris d’un point de vue environnemental. Dans l’état actuel, la majeure partie de l’activité textile se déroule hors de l’Europe et lui échappe totalement. Et malheureusement imposer une législation internationale n’est même pas pensable, les simples intérêts de la Chine et des Etats-Unis ont pris le dessus sur l’intérêt général de toute la planète.

On vous rassure, les gouvernements et les grandes entreprises ne sont pas les seuls acteurs. Si vous vous sentiez impuissant, découvrez maintenant comment devenir vous aussi acteur du changement. 

 

Quelles sont les solutions pour agir à votre échelle? 

Lutter contre le gaspillage vestimentaire c’est arrêter de gâcher vos textiles qui ont encore du potentiel, en leur donnant simplement une deuxième vie.

Revendre

Donner une seconde vie aux vêtements que vous ne portez plus, ça vous dit sûrement quelque chose. C’est en effet le fameux slogan de Vinted. L’application s’est énormément développée ces dernières années, preuve que la lutte avance de notre côté ! Se sont également imposées d’autres plateformes de vente de produits d’occasion telles que Vestiaire Collective pour des articles haut de gamme, la friperie en ligne Once Again ou la Reboucle récemment créée par la Redoute. Idéale pour revendre le linge de maison (linge de lit, de table, rideaux) auquel on pense moins souvent que les vêtements. C’est pourtant une bonne occasion pour vider vos placards en gagnant de l’argent et en sauvant ces textiles du gaspillage. Il est bien sûr également possible d’être acheteur sur toutes ces plateformes. En plus d’être simple et économique, cette solution est aussi responsable.

 

 On tient à vous rappeler que votre responsabilité en tant que consommateur commence dès l’achat. Soyez sûr d’en faire bon usage et d’avoir conscience de son impact. L’idée n’est certainement pas de ne plus consommer mais simplement de mieux consommer. Cela implique de réfléchir à chacun de vos choix en tant que consommateur car mis bout à bout, ils représentent en fait la consommation globale.

Donner

À vos proches, à des associations ou encore à des boutiques spécialisées. Parmi les 45 000 points de collectes en France, l’un d’entre eux se situe forcément près de chez vous. Trouvez où déposer vos prochains textiles grâce à cette carte interactive créée par Refashion. Ce site est une mine d’or pour donner un avenir à vos textiles, on vous laisse y jeter un coup d'œil. 

 Vérifiez qu’ils sont en bon état ! 

 

Réparer

Un trou, une tache, un bouton en moins ? Ce n’est pas une raison pour jeter un vêtement. C’est même l’opportunité de révéler vos talents !

 Les repair cafés pour un moment de transmission et de convivialité.

Des bénévoles vous partagent leurs techniques pour absolument tout réparer. Il en existe plus de 300 en France, vous pouvez trouver le plus près de chez vous sur ce site. 

 Les ateliers de couture pour en faire un véritable loisir et devenir un expert

 La chaîne Youtube Couture Académie pour apprendre à tout réparer facilement de chez soi

 Le guide des taches pour savoir comment retirer parfaitement la tâche qui vous embête.

 

Réinventer

Votre produit est invendable et irréparable ? Là encore il existe des solutions.

 Customiser, c’est faire appel à votre créativité pour transformer vos vêtements.

 Recycler, c’est valoriser vos textiles par le procédé magique capable de transformer un jean en isolant ou des baskets en revêtement d’un terrain de sport. Les associations et entreprises regorgent d’idées innovantes pour mettre en valeur vos objets. En plus de limiter le gaspillage vestimentaire, le recyclage s’impose comme une nouvelle façon responsable de produire. Souvent composés à 100% de fibres recyclées transformées localement, les produits recyclés ont un impact écologique nul, ce qui en fait une solution prometteuse en passe de devenir le maillon essentiel de l’économie circulaire que l’on tente de construire.

Une benne de vêtements jetée chaque seconde, vous vous en souvenez ? Depuis le début de votre lecture, plus de 300 bennes ont été jetées. Alors maintenant que chacun d’entre vous maîtrise son pouvoir d’agir, n’attendez plus pour réaliser ce que vous pouvez à votre échelle ! 

 

Nos sources et nos recommandations pour en savoir plus:

 

Des articles

• Les vêtements invendus ne pourront bientôt plus être détruits | Gouvernement.fr
• Loi anti-gaspillage | Gouvernement.fr
• Le rapport de l’ONG Oxfam
• Le rapport de l’ADEME

 

Des infographies et des chiffres :

• Lutte contre le gaspillage textile : habillez-vous durable (clcv.org)
• Derrière les soldes, le coût environnemental et social des vêtements (novethic.fr)
• L’impact de l’industrie textile (Job Impact)
• Rapport de la Fondation Ellen Mac Arthur 

 

Des vidéos :

• Reportage La Quotidienne sur le gaspillage vestimentaire
• Reportage Brut sur l’action d'Emmaüs pour revaloriser les textiles récupérés